Zéro déchet

Longue randonnée zéro déchet

Il y a plusieurs façons de s’alimenter lors d’une sortie de plusieurs jours sur un sentier de longue randonnée. En fait, il y a autant de façons de faire qu’il y a de gens qui pratiquent ce genre de randonnée. Que vous soyez de ceux qui préfèrent acheter des aliments préemballés individuellement comme des barres ou des gruaux proportionnés ou de ceux qui préfèrent cuisiner les aliments eux-mêmes jusqu’à les déshydrater, l’important c’est d’être en accord avec vos valeurs et de le faire, surtout, surtout, surtout, avec plaisir. Puisque, je ne vous le cacherai pas, faire la planification de repas pour plusieurs jours continus de plein air sans accès à l’eau courante ni à l’électricité, ça demande un peu de temps.

Photo: Kareen Brochu-Harvey

Photo: Kareen Brochu-Harvey

J’ai écrit un article il y a quelques mois pour présenter un exemple de menu de longue randonnée. Les gens ont beaucoup apprécié le contenu de cet article, mais quelques personnes ont mentionné qu’il y avait beaucoup trop d’emballages et je suis relativement d’accord avec eux. C’est pourquoi, à l’automne 2019, je me suis lancé comme défi de faire une longue randonnée de quelques jours en ne produisant aucun déchet. En toute honnêteté, j’ai trouvé cette expérience assez facile.

Comme j’ai mentionné plus haut, il n’y a pas de meilleure façon de concevoir ses menus de longue randonnée. L’important c’est d’être satisfait de ce que vous consommez autant en matière de produits que d’emballages. Par contre, à l’ère où nous sommes maintenant, je pense qu’il est important d’être conscientisé sur la quantité de plastique que nous utilisons quotidiennement et souvent, sans même s’en rendre compte. J’espère donc qu’au creux de cet article, vous trouverez de petites astuces que vous aurez envie d’adopter pour produire un peu moins de déchets lorsque vous allez profiter de la nature.

La planification

Tout d’abord, je pense qu’il est important d’avoir une bonne préparation concernant l’alimentation sur les longs sentiers. Il y a effectivement plusieurs raisons qui expliquent pourquoi il faut bien prévoir sa nourriture avant de partir à l’aventure.

 

1.    Contrôler les calories ingérées.

Marcher de longues distances quotidiennement demande beaucoup d’énergie. Il faut donc être en mesure de fournir suffisamment de carburant à notre corps pour éviter les blessures ou la fatigue précoce. En planifiant vos repas, vous pourrez contrôler les nutriments et les calories que vous allez manger et ainsi, prévoir le bon nombre de collations supplémentaires pour accompagner vos repas.

 

2.    Contrôler le poids de votre sac.

Bien que la quantité de nourriture diminue jour après jour au fur et à mesure que vous consommez vos aliments, au départ, vous aurez à marcher plusieurs kilomètres avec votre sac plein. Si vous prenez le temps de bien planifier votre alimentation, vous pourrez contrôler le poids de votre nourriture en sélectionnant des aliments qui sont légers et qui prennent peu de place, car souvent, l’espace aussi est limité.

 

3.    Avoir suffisamment de nourriture, mais pas trop.

En lien avec le point ci-dessus, pour éviter d’avoir un sac trop lourd, il faut bien prévoir sa nourriture afin d’en avoir juste assez. De façon générale, prévoyez juste la bonne quantité d’aliments pour le nombre de journée que vous serez sur le sentier (avec un ou deux repas supplémentaires). En cas de pépin, vous aurez un ou deux repas d’urgence, mais en même temps, vous ne serez pas surchargé de nourriture. Avec l’expérience, j’ai aussi découvert que, nous mangeons rarement tout ce que nous apportons. Peut-être par peur d’avoir faim, nous en apportons trop ou parce que nous sommes trop occupés à marcher pour manger. Alors ne soyez donc pas surpris si ça vous prend quelques longues randonnées avant de comprendre parfaitement votre consommation.

Mon truc pour bien planifier mon alimentation sur un sentier, c’est avec la bonne vieille méthode d’inscrire les journées sur un papier et de les diviser par repas (déjeuner, diner, souper et collations). Ensuite, je construis un tableau en y inscrivant ce dont j’ai envie de manger durant mon aventure. Si vous êtes visuel comme moi, vous trouverez cette technique très efficace. Finalement, j’apporte cette feuille, ou ce document numérique si vous êtes plus techno, au commerce en vrac et j’achète ce dont j’ai besoin.

Photo: Kareen Brochu-Harvey

Photo: Kareen Brochu-Harvey

Les achats

Puisque mon article relate mon expérience de longue randonnée avec une alimentation zéro déchet, c’est sur ce fonctionnement que je vais me concentrer. Sachez que vous pouvez prendre les informations en totalité ou en partie.

Pour être en parfait accord avec mon objectif, après avoir planifié une série de repas que j’allais assembler moi-même, j’ai visité un magasin d’aliments en vrac pour y faire mes achats. C’est là que j’ai découvert un monde de possibilité. Sans blague, les possibilités sont tellement grandes que vous pourriez partir une année entière dans la nature sans manger le même repas. Armée de mes sacs réutilisables, j’ai acheté les ingrédients que j’avais prévu utiliser. Parmi ces ingrédients aux mille et une possibilités, on retrouve :

  • Gruau minute

  • Granola

  • Brisures de chocolat (blanc, lait, noir…)

  • Jujubes et autres gâteries

  • Noix de coco râpé (avec ou sans sucre)

  • Divers noix (sucrée, salée, assaisonnée, nature…)

  • Diverses graines (chia, lin, chanvre…)

  • Fruits séchés (avec ou sans sucre)

  • Craquelins et biscuits

  • Divers types de pâtes

  • Légumineuses (lentilles, orges…)

  • Riz minute

  • Couscous

  • Céréales

  • Protéine végétale texturée (en grain, en flocon, en poudre…)

  • Protéine de pois en poudre

  • Lait en poudre ou lait de coco en poudre

  • Poudre de chocolat chaud

  • Sauces en poudre

  • Soupes en poudre

  • Légumes déshydratés

Si vous avez un déshydrateur d’aliment à la maison ou si vous voulez explorer les possibilités de votre cuisinière, vous pourriez opter pour l’achat de produits frais et les déshydrater vous-même. Bien évidemment, cette option demande un peu plus de temps. Ça m’amène donc à dire que chaque technique a ses avantages et ses inconvénients en fonction de votre mode de vie, de votre budget et du temps que vous aurez à consacrer.

J’ai personnellement opté pour l’option d’achat d’aliments en vrac prêt à être assemblé. Je pense que c’est un bon compromis entre l’achat de produits préemballés qui produit beaucoup de déchets de plastique et déshydrater soi-même des aliments frais qui demande beaucoup de temps.

L’assemblage des repas

Après avoir bien planifié mes repas et après avoir acheté une panoplie d’ingrédients nutritifs et protéinés, le moment d’assembler le tout est arrivé. C’est là que le plaisir commence à mon avis ! Quoique, si vous aimez l’organisation, toutes les étapes de ce procédé vous plairont.

À cette étape-ci, il y a deux types de personnes : ceux qui veulent suivre des recettes et d’autres qui veulent expérimenter. Je fais partie des gens qui veulent expérimenter et concevoir leur propre repas en fonction de leur goût, mais sachez qu’il y a une panoplie de recettes sur internet qui propose des mélanges simples d’aliments en vrac pour concevoir des repas de plein air rapidement et facilement. Par contre, j’ai, bien évidemment, fait un peu de lecture sur internet pour comprendre comment assembler mes repas, comment calculer mes portions et savoir le nombre de calories que je devrai consommer par jour. Je me suis donc assuré de toujours avoir de la protéine, des légumes et/ou des fruits, des grains entiers et, très important, du goût. Voici quelques combinaisons intéressantes :

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· Gruau minute

· Brisures de chocolat (pour le goût)

· Canneberges séchées

· Céréales (pour le croquant)

· Noix de coco en flocons

· Cassonade

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· Orge

· Légumes séchés

· Assaisonnements

· Protéine végétale texturée

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· Riz minutes

· Légumes séchés

· Sauce en poudre

· Protéine végétale texturée

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· Pâtes

· Légumes séchés

· Soupe en poudre

· Protéine végétale texturée

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· Pâtes asiatiques

· Légumes séchés

· Soupe en poudre

· Protéine de pois

Selon vos goûts, votre budget et votre désir d’expérimenter les options plus ou moins en profondeur, vous pouvez créer de vrais petits délices. Si vous n’aimez pas la protéine végétale texturée (protéine de soya / PVT) vous pouvez vous procurer du poulet déshydraté dans des boutiques spécialisées ou tout autre aliment sec qui apportera une portion de protéines à votre repas.

 

Les sacs réutilisables

C’est si facile d’utiliser des sacs de plastiques à usage unique, mais avez-vous déjà réfléchi à leurs impacts sur l’environnement ? Bien qu’on puisse les utiliser plusieurs fois si on prend la peine de les nettoyer, ils ne seront jamais autant résistants que des sacs réutilisables et il y a de fortes chances qu’un trou apparaît après la deuxième ou troisième utilisation. J’ai donc fais le saut vers les sacs réutilisables et j’ai été agréablement surprise. À peine plus lourds, ils ont de grands avantages comme d’être super résistant. On peut même jusqu’à faire nos repas directement dans ces sacs à condition d’en choisir qui résiste bien à la chaleur. J’ai fait le test en ajoutant de l’eau bouillante à mon mélange de riz protéiné et tout s’est bien déroulé. Le sac est resté impeccable.

J’ai trouvé les miens dans une boutique qui se spécialise dans les articles de cuisine, mais par la suite j’en ai vu dans beaucoup de commerces à grandes surfaces et même en ligne. Les options de formats et de matériaux sont grandes. Mon conseil par apport à la sélection de vos sacs réutilisables, c’est d’en choisir qui ont une fermeture très résistante. Il y a sur le marché de très bon sac en silicone, mais qui s’ouvre dès qu’on appuie un peu trop sur le sac. Ces sacs sont donc loin d’être l’idéal. Personne ne veut avoir un dégât d’assaisonnement et de pâtes dans son backpack. De toute façon, je vous suggère aussi de mettre toute votre nourriture dans un Drybag lorsque vous partez en longue randonnée. Premièrement pour avoir tout au même endroit et deuxièmement pour justement éviter les dégâts.

Anecdote : Lors d’une longue randonnée dans le parc national des Monts Valin, j’avais apporté des petits contenants de vin en carton (comme les jus pour enfant). Une journée, un des contenants a éclaté dans mon sac d’aliments. J’étais très contente d’avoir mis ma nourriture dans un Drybag, comme ça, je n’avais pas de vin partout sur mes vêtements et mon équipement.

 

Les collations et accotés

Le principe est le même que pour les repas. J’ai acheté des collations en vrac, donc sans emballage, et une fois à la maison, je les ai mis dans mes sacs réutilisables. L’expérience fut très simple et satisfaisante. J’étais heureuse de participer à la protection de la planète (à une échelle individuelle), tout en mangeant des trucs vraiment bon. Je me suis même lancé dans la cuisine en faisant moi-même mes boules d’énergie avec des aliments que j’ai, encore ici, acheté en vrac.

Photo: Kareen Brochu-Harvey

Photo: Kareen Brochu-Harvey

Photo: Kareen Brochu-Harvey

Photo: Kareen Brochu-Harvey

Les sacs réutilisables sont aussi parfaits pour les noix, les craquelins et les chips en vrac. D’ailleurs, j’ai réalisé que j’aurai dû me procurer plus de sac puisque j’ai dû finaliser mon plan alimentaire en utilisant des petits plats de plastiques. Ils sont vraiment légers, alors je n’ai eu aucun inconvénient de ce côté, mais c’est certain que j’aurais préféré avoir d'autres sacs qui se rangent mieux une fois l’aliment consommé. Les plats, lorsqu’ils sont vides, c’est tannant un peu. Par contre, pour économiser de l’espace, je les ai remplis de bas et sous-vêtements sales. Ne vous inquiétez pas, j’ai bien nettoyé les bols une fois arrivés à la maison.

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Photo: Kareen Brochu-Harvey

Photo: Kareen Brochu-Harvey

Zéro déchet

Donc, après vous avoir expliqué ma technique, est-ce que vous pensez que j’ai réussi mon défi ? Pour être honnête, non. J’ai créé 2 déchets durant ma longue randonnée de 4 jours. Le premier déchet est le petit sac de plastique à usage unique que j’ai dû utiliser pour mettre la sauce en poudre de mes pâtes (voir photo plus haut). Puisque les pâtes demandent quelques minutes de cuisson, je ne pouvais pas les mélanger à la sauce directement dans le sac réutilisable. Et, malheureusement, je n’avais plus de sac réutilisable. J’ai donc dû utiliser un petit sac à usage unique. Le deuxième déchet que j’ai produit c’est en fait le contenant de plastique de liquide qui donne de la saveur à l’eau (Mio). C’est un produit que j’adore trainer avec moi puisque parfois, l’eau de ruisseau ne goute pas très bonne. À part ces 2 éléments, je n’ai produit aucun déchet ! Je suis quand même fière.

En conclusion, j’ai aimé mon expérience et je compte la reproduire lors de mes prochaines longues randonnées. Par contre, je risque d’être un peu moins sévère envers moi-même. Je pense que l’idéal, c’est de trouver son équilibre. Mon équilibre à moi se trouve dans un mixte de plusieurs produits : certains en vrac, donc sans déchets et d'autres préemballés. Je compte aussi continuer à utiliser des repas lyophilisés d’entreprise d’ici comme Happy Yak pour leur facilité de préparation autant avant que pendant la randonnée.

Je vous invite à tenter l’expérience si vous ne le faites pas déjà. C’est important de protéger notre belle planète si nous voulons continuer à profiter de ses beaux paysages et de ses espaces verts.

 
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